• [...], j'ai piqué du nez en cours d'histoire. Pourtant, j'ai lutté, je le jure, mais ces cours sont vraiment lourds. Je me suis pincé la paume de la main jusqu'au sang, je me suis frotté les yeux, j'ai changé de position régulièrement, mais rien à faire : ma tête plongeait vers la table toutes les cinq secondes. Comme si on me filait un sale coup dans la nuque pour me la faire tomber. Finalement, le prof s'est vexé. Je me suis fait expédier en perm, où j'ai dû bosser sur le sens de l'Histoire. Quel  con quand même ce prof, frustré du ciboulot qui se prend pour un philosophe. Et fallait voir son petit sourire satisfait ! Franchement, j'avais envie de lui envoyer ma chaise dans la tête. Le sens de l'Histoire, le sens de l'Histoire. Ça n'a pas de sens l'Histoire, on croit que l'humanité avance mais elle fait des tours sur elle-même et refait les mêmes conneries. Une guerre par-ci, une dictature par-là. Et le sens de la justice, par où il va ? On ne le voit jamais...

    [...] Il n'y a que la Ni qui tienne la route. Les autres sont transparentes, je passe au travers sans m'arrêter. La Ni, Ninon ma douce, mon oiseau léger. Je pourrais lui faire des déclarations d'amour à volonté, mais je me tiens dans le non-dit. Elle sait, je sais. C'est bien aussi de ne pas dire. Les mots flottent autour de nous, nous enveloppent et nous protègent. Pas besoin de barrières. Personne ne s'approche. La Ni n'est pas géniale, elle n'est pas magnifique. Elle est. Pas besoin de prouver quoi que ce soit : tout est en place, à disposition. C'est sans doute ce que les gens appellent "une personne entière". Il faut tout prendre ou tout laisser. Moi, j'ai tout pris. Je n'ai pas pu faire autrement.

     






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