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    Un poème de Guillaume - 18 juin 2015

     

    Demain, je viendrai te voir

    Tu seras aussi belle qu'hier

    Ton doux parfum me donne envie de toi

     

    Demain, nous serons dans ce chalet perdu dans les bois

    Quand tu es à mes côtés, j'ai envie de chanter

    Sans toi, je ne suis plus rien

     

    Demain, nous serons ensemble pour l'éternité

    Nos familles enfin réunies

    La fin de nos ennuis

     

    Demain, nous serons chez nous

    Nous nous promènerons dans les prés ou dans les champs de blé

    Main dans la main pour l'éternité

     

    NOUVELLES FANTASTIQUES

    La gare maudite

    Quand j’entrai dans la salle des voyageurs de la gare de Loubain, mon premier regard fut pour l’horloge. J’avais à attendre deux heures dix minutes l’express de Paris. Je me sentis las soudain comme après dix lieues à pied ; puis je regardais autour de moi comme si j’allais découvrir sur les murs un moyen de tuer le temps ; puis je ressortis et m’arrêtai devant la porte de la gare, l’esprit travaillé par le désir d’inventer quelque chose à faire.
    Je me souvins que j'avais emporté un livre dans ma valise. Je retournai dans la gare pour commencer mon roman. Tout à coup, un malaise me prit. Je m'appuyai contre un mur, et me laissai glisser sur un banc. Je vis l’horloge s'accélérer jusqu’à ne plus en voir les aiguilles. Les gens alentours disparurent et je me retrouvai, seul, effrayé, dans cette gare, avec cette horloge déréglée, quand apparut ce qui me sembla être un fantôme. J’essayai de m’enfuir mais je restai comme cloué au sol ! Une sueur froide coulait dans mon dos. Je fermai les yeux, pensant que ce n’était qu’un cauchemar, mais quand je les rouvris, la tête du fantôme était collée à la mienne ! Je hurlai de terreur. Et à cet instant, l’apparition me chuchota d’une voix étrange et grave :
    “Je reviens bientôt.”
    Elle disparut dans un éclair rouge et tout redevint normal. Les gens réapparurent et continuèrent à marcher, comme si rien ne s’était passé. L’horloge fonctionnait comme d’habitude et indiquait l’heure. Je me levai du banc, à la fois fasciné et terrifié par cet événement dépassant l’entendement.
    J’annulai mon voyage et rentrai chez moi en réfléchissant. Avais-je été la proie d’une hallucination ou bien ce fantôme était-il réellement apparu ? Étais-je le seul à l’avoir vu, ou bien les autres voyageurs avaient-ils aussi eu cette vision ? Quelques jours plus tard, je retournai à la gare, décidé cette fois à accomplir mon voyage annulé cinq jours plus tôt. Comme j’étais encore en avance, je m’assis sur ce même banc. Je me demandai si ce fantôme allait encore apparaître. Et soudain, l’horloge se remit à s'accélérer et les gens disparurent de nouveau. Cette fois, j’essayai de fuir mais mes jambes ne répondaient plus ! Le fantôme surgit brusquement et me prit le bras. Je tentai de le faire lâcher mais mes membres restèrent inertes. Je pouvais seulement parler. L’apparition me déclara, d’un ton lugubre et solennel :
    “L’heure est venue.
    - L’heure de quoi ? balbutiai-je, terrorisé.
    - Celle de ta mort , me répondit-il. Mais avant, je vais te raconter mon histoire : Il y a fort longtemps, j’étais assis sur ce même banc, à attendre mon train. Tout à coup, un homme me prit ma valise. Je lui courus après en criant “Au voleur !” mais je glissais et tombais sur la voie de chemin de fer. Au même moment, mon train arriva et m’écrasa. Depuis, j’erre dans cette gare, attendant que quelqu’un s’asseye sur ce banc. A présent, je vais prendre place dans ton corps et retourner dans la vie réelle.
    - Non ! , hurlai-je, fou de terreur.
    - C’est déjà trop tard, ricana-t-il.”
    En effet, mon corps paraissait transparent et le fantôme semblait prendre mon apparence. Je regardais l’horloge : il était temps de quitter cette gare maudite.
    Je compostai mon billet, montai dans le train et me fondis dans la masse des voyageurs qui ne prêtaient pas attention à moi. Enfin assis, je voulus attraper mon livre, mais quand ma main rencontra la valise, j'eus la sensation qu’elle passait au travers. J’observai mes voisins : ils semblaient n’avoir rien remarqué. Inquiet, je commençai à lire quand mon regard fut attiré par un miroir en face de moi. Je m’y regardai, mais ne vis pas mon reflet ! Ce miroir était-il magique ? Étais-je mal placé par rapport à cette glace ou bien réellement devenu un fantôme ? De plus en plus effrayé, je continuai ma lecture en essayant d’oublier ces étranges phénomènes mais je n’arrivai plus à me concentrer, car mon esprit était entièrement absorbé par ces coïncidences …

    Victorien - 27 avril 2015

     

    La tapisserie maléfique

     

    Âgé de 16 ans, Jack était en première et détestait l’école. Il était si heureux d’être enfin en vacances. Il partait visiter la Côte d’Azur avec sa famille. Pendant quinze jours, il allait vivre les joies de la mer, de la chaleur… Issu d’une famille bourgeoise parisienne, il était fils unique. Sa mère, Sandra, était styliste et son père, Johnny, travaillait en tant que juriste. Ils étaient très connus pour leurs talents. A eux deux, ils gagnaient jusqu’à soixante milles euros par mois. Jack faisait partie de ceux qu’on appelait « les enfants rois » : il avait le droit à tout ce qu’il voulait quand il le voulait et où il le voulait.

    Ils quittèrent Paris en direction de Saint-Tropez. Ils se logèrent dans une maison luxueuse sur les montagnes avec vue sur la mer Méditerranée. L’endroit rêvé pour des vacances. Arrivé tard le soir,  ils mangèrent le dîner sous un soleil couchant et la vue des vagues, puis ils regagnèrent chacun leurs appartements.   

    Jack dormait dans une chambre assez spacieuse. A première vue, il n'appréciait  guère cette chambre. Sûrement à cause de la grande tapisserie qui s’y trouvait. Elle était immense, mesurait la taille du mur, soit environ six mètres de longueur sur quatre mètres de hauteur. Elle paraissait très ancienne, devait dater du 17ème siècle. La scène qui y était représentée se déroulait à l’époque de la monarchie. Les hommes étaient vêtus d’un justaucorps à brevet et de hautes bottes. Les femmes, elles, étaient habillées d’une robe-manteau et de chaussures à hauts talons. Jack regardait avec intrigue cette tenture. Les personnes présentes dansaient lors d’un ballet. Ils sautillaient sur une musique classique, vue la valse qui s’agitait devant lui. Il avait l’impression que les nobles gens l’observaient.    

    Lorsqu’il se sécha après sa douche, il entendit de la musique de courtisane. Il la connaissait, c’était “Les quatre saisons” de Vivaldi. Il se précipita vers la chambre de ses parents en jetant un rapide coup d’oeil vers la tapisserie. Il s'arrêta net en chemin et se retourna. Les personnages avaient bougé : l’homme au costume lumineux et à la prestance très délicate n'était plus assis mais dansait en compagnie d’une demoiselle et l’orchestre symphonique avait changé de place. En général, il avait une mémoire de poisson rouge mais là, sa mémoire visuelle avait très bien opéré, il retenait tous les changements passés auparavant. Arrivé devant ses parents, il expliqua l’histoire qui venait de se dérouler. Ces derniers lui répondirent qu’ils n’avaient pas entendu de chanson.

    De retour dans son appartement, Jack se résonna et conclut qu’il avait dû rêver. La mésaventure se répéta : cette fois, l’homme fort élégant, qui devait être le plus célèbre de tous, sans doute le roi, dansait un solo. Il portait un soleil qui entourait sa perruque. Tous les courtisans contemplaient la majesté. Jack se secouait la tête, ne pouvant croire à ce qu’il voyait devant lui. Il se bouchait les oreilles pour ne pas entendre la musique qui accompagnait le ballet. En se jetant sur son lit, il se mit à attraper son oreiller afin de le jeter sur la tapisserie. Tout ce qu’il percevait de léger, le lançait immédiatement sur les nobles gens. La folie l’empara. Il se croyait fou. Tout à coup, la musique s’arrêta. Jack stoppa ses lancers. Tout le monde le regardait. Ces derniers allaient-ils se venger des dégâts de Jack ? Ceci lui coûterait-il la vie ? Tant de questions que se posait Jack. Il se sentait gêné. L’altesse se mit à parler :

    “N’avez - vous pas conscience que déranger un roi dans sa danse est un grave crime.”

    Jack n’en revenait pas. Une tapisserie ne pouvait pas actionner les personnages qu’elle représentait, ni les mettre en scène dans la vraie vie. C’est ce qui arriva. Le roi passa du monde de la peinture au monde réel. Et s’en suivit presque tous les aristocrates qui assistaient maintenant le monarque. Jack, recroquevillé sur lui-même, restait abasourdi. Il reprit rapidement esprit. Cela ne pouvait pas être possible. Il se cognait la tête contre un mur pour se réveiller de son rêve qui devenait rapidement un cauchemar.

    “Pourquoi êtes-vous là  ? Comment se fait-il que vous sortiez d’une toile ? répondit Jack.

    - Comment osez-vous me parlez ainsi ? s’exclama le roi. Vous avez commis une faute irréparable : vouloir tuer son altesse.”

    Jack avait le sentiment d’avoir emprunté une machine à remonter le temps et de s’être retrouvé à la Renaissance. Il se situait complètement dans la vie quotidienne de la cour de Versailles. Il prit rapidement conscience de ce qu’il était en train de vivre.

    “Je n’ai loin de là voulu vous offenser mon seigneur, répliqua Jack.

    - Vous n’avez pas voulu m’offenser ? Il me semble que c’est vous qui m’avez perturbé dans ma danse. Inutile de nier, nous vous avons vu, reprit le seigneur d’un ton sec.”

    Jack ne savait quoi répondre, ébahi par ce qu’il lui arrivait. Il refusait d’y croire même s’il savait que c’était la réalité. Au fond de lui, il gardait un petit espoir que quelqu'un vienne le sauver. Mais cela était impossible.

    “Majesté, épargnez-moi, je ne suis point un assassin.”

    La sentence finit  par retentir rapidement:

    “Gardes, emmenez-le, s'exclama le roi.”

    Le châtiment réservé pour ce grave crime était l’emprisonnement à perpétuité. Très vite, des gardes sortirent à leur tour de la tapisserie, attrapèrent les bras de Jack. Ce dernier n’eut le temps de réagir que lorsqu’il ne se trouvait plus qu’à quelques mètres de la catastrophe. Il essayait du mieux qu’il pouvait pour se débattre mais il n’aboutissait à aucun résultat. Il criait de toutes ses forces :

    “A l’aide ! Papa ! Maman ! Sauvez-moi !

    - Personne, tu vois bien, personne pour te secourir, riposta le roi Soleil. Ah ! Ah ! Ah !”

    Jack, découragé, sut que résister ne servirait plus à rien. Il ne reverrait plus sa famille, il ne vivrait tout simplement plus comme avant. En pénétrant dans la tenture, il lorgna derrière lui, en espérant que ses parents se décident enfin à venir le délivrer. Maintenant, il devait s’adapter à un nouveau monde. La noblesse reprit place, chacun à son endroit, comme s’ils attendaient une nouvelle proie. Quelques secondes après, ses parents débarquèrent, mais trop tard : le mal était fait. Ils ne trouvèrent leur fils dans aucune pièce de la maison. Depuis ce jour, ils cherchent Jack dans tous les recoins de la terre, se démènent par tous les moyens pour espérer retrouver leur fils tant aimé, sans imaginer un retour dans la Renaissance à cause d’une tapisserie.



    Marine et Mathieu - 27 avril 2015    

     

    Rejoins-moi.

     

        Une  journée ordinaire s’annonçait. Comme tous les matins, je me rendis au cimetière pour y déposer des fleurs sur la tombe de ma femme. Mais ce jour - là, tout ne se passa pas comme prévu, les fleurs que j’avais déposées la veille avaient disparu.

        Cette nuit là, je ne dormis pas très bien, repensant à cet évènement anormal, je me disait qu’on avait dû les voler ou qu’un  vent fort les avait dû les emportées…

        Le lendemain matin, je retournai au cimetière pour mettre à nouveau des fleurs mais celles que j’avais déposées la veille avaient encore disparu. Je commençai à me poser des questions… Quand je retournai chez moi, une envie de boire du vin m’envahit, je descendis donc à la cave me chercher une bonne bouteille. Alors que je descendais les marches, j’aperçus les fleurs que j’avais posées sur la tombe de ma femme les jours précédents. Je m’approchai de plus près, intrigué, et je vis sous les bouquets une pierre tombale, je poussai alors les fleurs pour lire les inscriptions  écrites dessus. Il y avait marqué mon nom, ma date de naissance et celle de ma mort. Cela devait sûrement être une mauvaise farce. Je remontai de la cave et la fermai à triple tour.

        Cette nuit là, je ne dormis pas, repensant à cette histoire… Maintenant que la porte de la cave était fermée et que j’étais le seul à posséder les clés, personne ne pourrait entrer. Je décidai de me rendre au cimetière encore une fois pour y mettre des fleurs mais cette fois, je voulais attraper l’individu à l’origine de cette farce. Je déposai donc un bouquet de fleurs et courus jusqu’à chez moi pour voir si celui-ci était apparu dans ma cave, ce qui était normalement impossible puisqu’elle était verrouillée à triple tours. J’ ouvris délicatement la porte de la cave et vis de loin un bouquet identique à celui que je venais de déposer. Je fermai alors brusquement ma porte. Cela devait être mon imagination qui me jouait des tours , je devais être trop stressé… Je décidai donc de prendre des vacances, histoires de me changer les idées.

        Je partis donc, loin de ma maison et  de toute cette histoire.

        A mon retour , cette mésaventure me trottait toujours dans la tête. Je ne voulais plus retourner dans cette cave synonyme de malheur. La nuit tombée, je décidai alors d’aller me coucher.

        Je passa la pire nuit de ma vie , des voix me parlaient… Une voix, celle de ma femme , me disait “ Rejoins -moi! Rejoins- moi, mon amour! “  Je ne fermai pas l’oeil de la nuit ayant l’impression que quelqu’un m’observait… Je me rendis au cimetière et je vis de loin la tombe de ma femme ouverte… Effrayé, je partis en courant du cimetière et je me réfugiai chez moi. Cette fois,ce n’était pas mon imagination…

        On était le trente et un octobre,triste jour.. Cela faisait un an que ma femme était décédée. Et si j’en croyais la pierre tombale c’était aussi la date de ma mort… Cette nuit -là, ma femme me parla à nouveau, toujours la même phrase:” Rejoins -moi! ”

        Cette phrase ne cessait de trotter dans mon esprit. J’avais peur, très peur! Pourquoi maintenant? Pourquoi moi?

        Le lendemain matin, j’avais décidé de rester chez moi afin d’éviter tout danger. Ces derniers temps je n’avais pas beaucoup dormi, toute cette histoire m’effrayait tellement que je ne fermai quasiment plus l’oeil de la nuit.

        La nuit suivante, je tombai dans un sommeil profond. Je vis ma femme, un couteau à la main, j’étais comme paralysé, collé au fauteuil. Toujours cette même phrase :”Rejoins- moi! Rejoins- moi! “

    J’entendis un craquement  ce qui me réveilla en sursaut .Ma femme s'approchait de moi, couteau à la main,mais dès que  j’ouvris les yeux, elle disparut.

        Il était  près de minuit,,j’entendis des bruits dans les escaliers,j’aperçus une ombre monter. J’ai peur, très peur!

    Était- ce la fin pour moi ? Je ne savais pas...

     

          Elsa - 18 juin 2015

     

     

    L'enfer du paradis

    Un jour de décembre, je préparais mes bagages avec ma grande soeur. Léana allait démarrer la voiture quand je montais dans celle-ci pour aller à Grenoble,plus précisément à Sarcenas une grande et sombre forêt. C’était la première fois que nous allions dans la forêt pour nos vacances d’hiver. Léana et moi vivions ensemble depuis que notre mère nous avait quitté. Nous étions seulement à quelques kilomètres du chalet où nous allions passer notre séjour quand je vis un homme - enfin si s’en était un - très étrange et d’une taille très impressionnante. Il nous suivait du regard. Je regardais dans le rétroviseur et comme un fantôme, il disparut en quelques secondes. Il n’était plus là. Inquiète, je racontais a Léana ce qui venait de se produire. Elle ne me croyait pas. Elle pensait que les secousses du voyage me jouaient des tours. Elle avait peut être raison. Arrivées devant le chalet qui était à notre surprise très délabré, je vis que cet endroit était très isolé. Je montai à l’étage et Léana alluma la cheminée quand j’entendis quelque chose de lourd tomber au sol. Sans inquiétude je demandai à ma soeur si tout allait bien, une fois, deux fois...pas de réponse. Prise de panique, je descendis en courant et je vis le corps de ma pauvre soeur allongée sur le sol entouré d’une large mare de sang. Je criais à l’aide, pas de réponses. Je pris le téléphone quand une force venue de nulle part prit mon téléphone et le jeta contre le vieux parquet de bois. Je me retournai quand tout à coup je vis cet homme que j’avais aperçu sur la route. Alors, ce n’était pas une hallucination. Il était laid, monstrueux mais aussi et surtout très, très grand. Grâce à mes cours d'escrime, je pris l’épée d’une vieille armure de chevalier accrochée au mur. Je sortis de la maison et courus si vite que je n’avais  même pas le temps de regarder derrière moi. Il avait tué ma soeur. Rien ne pouvait m’arrêter. Soudain, je l’aperçus au loin me fixant. Je plantai l’épée à l’intérieur de son corps, quand je me retrouvais dans un endroit plein de flammes et de roches brûlantes. Il faisait chaud, il faisait très chaud. Alors c’est là que je compris. J’étais en enfer et le monstre qui avait tué ma soeur était en fait un démon. Il réapparut et là je le pris par le bras et le poussai dans le gigantesque trou rempli de lave et de feu. Il s’accrocha à la roche, là où je ne le vis plus. Je laissais tomber l’épée quand sa main vert pâle et boutonneuse m’attrapa et me tira dans les flammes. Et voilà où j’en suis... dans les limbes, un monde flou, pâle, dans un milieu naturel. Je suis en enfer ou au paradis? Et tout d’un coup, je vis ma soeur au loin, me sourire puis une autre personne apparaît lentement. Non, je n’en croyais pas mes yeux, ma mère... malheureusement nous étions toutes mortes mais enfin réunies. Je courus vers elles mais j’avais beau aller vite, elles étaient toujours aussi loin. Je n’ai jamais pu les rattraper...

    Laura - 18 juin 2015

     

     

    ÉCRIRE UN ROMAN ÉPISTOLAIRE

     

    Dimanche 20 décembre


    Ma chère fille,


    Tu me manques terriblement. L’idée de passer ces fêtes de fin d’année sans toi et papa me brise le coeur. Je me sens seule sans vous. Je voudrais tellement être à vos côtés.

    Je suis toujours dans le camp de Tombouctou. J’ai toujours l’interdiction de sortir sous peine de me faire capturer. Je ne sais pas quand je vais pouvoir rentrer mais je me renseigne auprès de Mamadou  régulièrement. C’est lui qui me tient au courant de ce qui se passe à l'extérieur et qui me donne tes si jolies lettres…

    Pour lire la suite du texte de Marie et de Klervie, cliquez ici.

     

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    Ecrire 4 

    Travaux des élèves de 4 C et 4 D (octobre 2011)

    ECRIRE A LA MANIERE DE

    SEI SHÔNAGON

    Choses agréables

    Se blottir confortablement entre deux oreillers, avec une grosse couette sur soi, puis rester là, à écouter de la musique qu'on aime.

    Se prélasser au soleil et sentir un papillon qui se pose délicatement sur son nez.

    Se retrouver en famille, les soirs d'hiver, près de la cheminée et entendre le crépitement des flammes.

     

    Choses qui égaient le coeur

    Sauter dans de grosses vagues que la mer et l'océan nous offrent et se sentir porté par elles.

    Un papillon qui, par le vent, se laisse mener entre les nuages.

    Demander un petit frère à ses parents qui répondent NON ! redemander, redemander et en avoir un, enfin.

    Regarder un bal d'hirondelles qui défilent à toute allure dans le ciel sans avoir le temps de les compter.

     

    Choses détestables

    Faire signer un devoir alors qu'on a eu une mauvaise note.

    Savoir qu'on a oublié quelque chose mais ne pas savoir quoi est très énervant.

    Avoir un contrôle surprise quand on n'a pas revu son cours.

    Aller au lit, commencer à s'endormir, somnoler et se rendre compte que la leçon notée du lendemain, en histoire, on a oublié de l'apprendre.

    Croiser un groupe de personnes âgées qu'on connaît alors qu'on est avec des copains.

    Avoir encore du savon dans les cheveux alors qu'il n'y a plus d'eau chaude.

    Finir une maquette et se rendre compte qu'on a oublié une pièce importante.

    Devoir payer pour les bêtises de quelqu'un d'autre.

     

    Choses peu rassurantes

    Voir à la télévision que la pollution fait fondre la glace et que des milliers d'animaux meurent. Ce n'est pas très rassurant.

    Notre père nous demande de cacher le cadeau de notre mère car c'est son anniversaire. On le cache tellement bien qu'on ne le retrouve plus.

    Entrer dans le cabinet du médecin et le voir agiter une seringue n'est pas très rassurant.

     

    Choses contrariantes

    On attend des invités et une autre personne arrive d'une manière inopinée : il faut improviser.

    Un volet qui ne fait que claquer et qui nous empêche de dormir.

    Devoir se lever le mercredi matin alors que son petit frère reste au lit. On a envie de rester aussi.

    Aller en vacances et rencontrer ses voisins "encombrants" alors qu'on ne veut pas voir de connaissances, pour changer du quotidien.

    Le lait destiné à notre chocolat qu'on a oublié sur le feu et qui monte, qui monte, qui monte dans la casserole.

    Regarder une série qu'on adore à la télévision et devoir aller se coucher, avant la fin.

    Se faire frire un bon steak et se rendre compte en milieu de cuisson que le gaz manquant, on ne pourra pas finir de le cuire.

    Choses qui distraient quand on n'a pas envie de faire ses devoirs

    On tourne sur sa chaise roulante en pensant que les devoirs vont se faire tous seuls.

    Regarder les pages du livre, déchirer les marques pages de l'agenda ou encore démonter et remonter un stylo jusqu'à en avoir assez.

    Choses qui distraient dans les moments d'ennui

    Observer les oiseaux voler à travers la porte-fenêtre de votre maison en se demandant pourquoi le professeur de français vous demande d'écrire sur les choses de la vie courante.

    Regarder sa montre en cours de maths en calculant patiemment les minutes restantes alors que le professeur se tue à  vous apprendre le calcul mental.

    Arracher un brin d'herbe. Deux, puis trois. Quatre, puis cinq. On aime sentir le végétal se briser dans ses doigts.

    Quand on s'ennuie le midi à la maison, on s'amuse à compter le nombre de pomme-noisettes dans l'assiette de sa soeur.

    Regarder un enfant qui saute sur les bandes blanches d'un passage piéton quand on languit sur son siège de bus.

    Le tic-tac d'une horloge. Rien de passionnant, mais c'est déjà ça.

    Essayer d'écrire un texte sans vraiment savoir ce que l'on veut. On réfléchit, on réfléchit. On ne trouve rien. Alors, on lâche son crayon et on joue des rythmes avec ses mains.

     

    Ecrire 4

     

    Dans la peau d'un grand reporter

     De beaux échanges épistolaires

    Quel bonheur de vous lire !

     

     

    Ecrire 4

    Ecrire 4

     

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    ECRIRE UNE NOUVELLE FANTASTIQUE

     

    Rédigez la suite de ce récit. La suite doit être fantastique...

    Quand j’entrai dans la salle des voyageurs de la gare de Loubain, mon premier regard fut pour l’horloge. J’avais à attendre deux heures dix minutes l’express de Paris. Je me sentis las soudain comme après dix lieues à pieds ; puis je regardai autour de moi comme si j’allais découvrir sur les murs un moyen de tuer le temps ; puis je ressortis et m’arrêtai devant la porte de la gare, l’esprit travaillé par le désir d’inventer quelque chose à faire.

    G. de Maupassant, Madame Baptiste, 1882.

     Je fis quelques pas pour me dégourdir les jambes. J’allumai ma cigarette lorsqu’une limousine aux vitres teintées s’arrêta près de moi. Une des innombrables fenêtres s’ouvrit lentement et un bruit sourd se fit entendre.

    Soudain, je sentis une force qui m’aspirait vers le véhicule. Une fulgurante douleur me comprima la tête. Sans comprendre comment, je me retrouvais à l’intérieur de la voiture. Une personne se tenait devant moi, tranquillement assise sur un siège moelleux. Je la regardais de plus près et sa laideur m’horrifia. J’essayais de m’enfuir mais je remarquais que les portes étaient fermées à clef. Résigné, je me retournais, convaincu que ma vie était finie. Mais à mon grand étonnement, l’inconnu ne pointait pas d’armes sur moi. Il prit la parole. Sa voix était effrayante, elle me paralysa d’effroi:

    « Inutile d’essayer de t’enfuir jeune homme. Où que tu ailles je te retrouverai, me dit-il.

    - Je n’ai pas d’argent. Qui êtes-vous et que me voulez-vous ?

    - Oh ! mais ce n’est pas ton argent que je veux car, vois-tu, en enfer, j’ai tout ce qu’il me plaît. Et oui, je suis le diable, le roi des enfers ».

    Un frisson me parcourut le dos. Je pensais ce type fou à lier. Mais que me voulait- il ?

    « Si je t’ai rencontré aujourd’hui c’est pour te proposer un pacte, reprit l’autre homme.

    - Un pacte? Mais je n’ai besoin de rien, soufflais-je.

    - Vraiment, Alain ? Tu n’as besoin de rien ? »

    J’étais estomaqué. Comment ce type pouvait connaître mon prénom ?

    Le diable reprit :

    «Je sais des choses sur toi. Je sais que ta femme est morte il y a deux ans de cela. Mais si tu ne veux pas qu’elle revienne à la vie, libre à toi !”

    Je commençais à croire que ce type était vraiment le diable. Toujours méfiant je demandais :

    “Un pacte, c’est bien un échange n’est-ce pas ? Que faudra-t-il que je vous donne ?

    - Ce pacte-là n’est pas comme les autres, mon cher Alain. Voyez-vous,  je vous donnerai trois épreuves à exécuter et si vous les réussissez toutes, je ferai revenir votre femme à la vie. En revanche, si vous échouez à une seule de ces épreuves, votre âme m’appartiendra.

    - Et si je refuse ?

    - Alors, je vous ferai brûler en enfer dès que vous sortirez de cette voiture. »

    J’eus du mal à déglutir.

    « Et quels genres d’épreuves devrais- je exécuter ?

    - Oh ! presque rien, presque rien. Juste quelques banalités. La première épreuve consistera à apporter un seau de sang d’enfant.

    - Quoi ?! Mais je ne peux pas faire ça ! C’est horrible ! me récriais-je.

    - Attention Alain, ne jouez pas avec mes nerfs et puis c’est ça ou adieu Catherine. C’est bien le prénom de votre femme n’est-ce pas ? dit sournoisement l’horrible créature.

    - Bon et que sera la deuxième épreuve? demandai-je dégoûté par la cruauté du monstre.

    - Ça, vous le verrez en temps voulu, répondit-il d’un ton mielleux. »

    Et une fois de plus une douleur dans la tête m’envahit, aussi inattendue que la précédente. Je me retrouvais sur le trottoir de la gare. J’étais abasourdi. Avais-je rêvé ? Je n’étais plus sûr de rien. Finalement, persuadé que ce n’était qu’un rêve, je décidai de prendre le train pour rendre visite à un ami. Je voulus ouvrir la porte de la gare mais elle restait désespérément condamnée. Je réessayai une seconde fois, pensant qu’il fallait l’ouvrir de force. Puis je compris que c’était l’œuvre du diable. Il ne voulait pas que je m’enfuie. Je décidais de rentrer chez moi pour réfléchir à la situation. Comment allais- je m’y prendre pour récupérer du sang d’enfant ?

    A peine m’étais-je assis dans mon fauteuil pour décompresser, que des trompettes sonnèrent et dans la rue la foule s’agita. Je m’approchais de la fenêtre ouverte et remarquais une parade : c’était le cirque.

    Une idée germa en moi. Je n’en étais pas fier mais je devais le faire pour faire revenir à la vie ma bien-aimée disparue.

    Quelques instants après; mon stand placé, je décidai de passer à l’action... Je priais le bon dieu pour qu’il me pardonne mon futur pêché. Avec une voix forte, j’essayais d’attirer le plus d’enfants possible : VENEZ !! VENEZ !! MAISON DE L’HORREUR !! PAS CHER !! SEULEMENT DEUX ÉCUS DE BRONZE !! VENEZ, VENEZ!! Une foule d’enfants s’agglutina devant moi. En voyant leurs mignons petits visages, je faillis renoncer, mais le visage de Catherine hantait mes pensées.

    J’eus le cœur lourd quand je remarquai une religieuse qui menait un groupe d’enfants dans mon stand. C’était des orphelins. Après avoir fermé les portes du jeu sur moi, je fis un signe de croix pour que toutes ces pauvres âmes trouvent le repos éternel.

    L’effrayante voix du diable résonna dans ma tête. Je m’approchais du groupe d’enfants, un couteau à la main et un seau de l’autre pour recueillir le sang. Mon cœur battait à tout rompre. Je sentis des gouttelettes de sueur perler sur mon front et dans mon dos.

    Je pris un enfant par le col et il poussa un cri d’épouvante. Je fermais les yeux et plantai la lame du couteau dans sa gorge. Le sang gicla dans le seau. La répugnance de mes actes me donnait la nausée. Je pris un autre enfant et récidivai jusqu’ à ce que mon seau soit rempli. Puis je sortis discrètement de la maison hantée par une porte secrète.

    Arrivé chez moi, je m’assis dans mon fauteuil près du feu pour prier. Soudain, le feu s’agita de façon anormale, et au bout de quelques instants, un visage apparut dans les flammes: C’était le diable. Sa voix était sourde et rocailleuse, elle me rendait dingue :

    « Alors Alain, es-tu prêt pour la seconde épreuve? dit-il avec un sourire sournois. »

    Je bredouillais :

    « Oui, mais s’il vous plaît, ne me faites plus jamais revivre de choses aussi horrible. »

    Le diable cligna de l’œil nerveusement. Je remarquai alors qu’il avait une balafre à cet endroit.

    « Pff ! dit- il avec dédain, tout ce que je te fais faire va t’endurcir de toute façon. Tu pourrais me remercier. Bref, pour la seconde épreuve, il te faudra être lucide et courageux. »

    Je tremblais comme une feuille. Mais que me faudrait-il encore faire ? Le diable avait dû le remarquer car il me dit:

    «Allons, allons Alain, ne t’inquiète pas ! C’est juste un mauvais moment à passer. »

    Et il éclata d’un rire sarcastique.

    Après avoir repris son sérieux, le diable m’expliqua la suite de l’épreuve:

    «Tu devras aller dans une grotte, dans laquelle tu trouveras une créature à l’apparence charnelle magnifique et éblouissante mais si manipulatrice et si machiavélique qu’elle n’hésitera pas une seule seconde à te tuer. Tu devras me rapporter une de ses écailles. »

    Dès que le diable eut fini sa phrase, le feu s’agita une fois de plus de façon anormale et le visage de l’ignoble créature disparut. J’allais vider mon seau dans mon jardin mais le diable m’avait devancé. A la place du sang, il y avait un morceau de papier sur lequel était noté comment se rendre à la grotte. Après l’avoir rapidement parcouru des yeux, je le pliai et le posai sur ma table de chevet.

    Cette nuit-là, je ne parvins pas à m’endormir. Je descendis dans ma cuisine boire un verre d’eau en me demandant à quel genre de créature je pouvais m’attendre. Et à quoi pouvait-elle bien ressembler ?

    Le lendemain, après m’être assuré que j’avais assez de vivres, je me mis en route. Je suivais les indications données par le diable avec le plus grand soin. Enfin, j’arrivais devant la grotte. J’entendis une douce mélodie. Elle semblait flotter dans les airs. J’entrai dans la caverne et avançai prudemment. Après quelques pas, j’entendis au loin la mélodie se mêler aux clapotis de l’eau. Mes pieds ne m’appartenaient plus. Ils avançaient vers le chant sans que je les contrôle. Plus je me rapprochai de la mélodie, plus un mélange d’appréhension et de bonheur grandissait en moi. J’étais comme ensorcelé.

    Enfin je vis la créature. Je n’en croyais pas mes yeux. Comment une telle beauté pouvait exister sur terre ?

    “Non ce n’est pas possible, je deviens fou, me dis-je »

    Je m’approchai d’elle. Toute ma terreur s’était maintenant volatilisée. Je me sentais tellement bien, si léger.

    Soudain, elle s’arrêta de chanter et me regarda. D’une voix suave et ensorcelante, elle me susurra :

    “Approche bel étranger, je t’attendais.

    - Mademoiselle, qui êtes-vous ?

    - Je suis Serena, mi-déesse, mi-poisson.

    - Comment ?! Vous êtes une sirène ? m’exclamai-je éberlué. »

    La prénommée Serena esquissa un sourire charmeur. Mais à peine elle sortait de l’eau et avançait sur la terre ferme que déjà sa queue se métamorphosait en jambes. Elle s’approcha près de moi et son odeur exquise vint chatouiller mes narines. Cela ne pouvait pas être le monstre décrit par le diable. Elle me prit par la main et, toujours sans un mot, m'entraîna dans le lac. Je sentais mon poignard  dans ma ceinture et j’allais l’abandonner dans le fond de l’eau quand la bouche de la sirène effleura la mienne. Je me laissais faire. Mon cerveau était comme embrumé. Puis dans un moment de lucidité, je me rappelais le défi lancé par le diable. Je sortis mon couteau de son étui. J’allais l’enfoncer dans le ventre de la sirène mais je remarquai soudainement que ce n’était plus le visage de la sirène que j’avais en face de moi, mais le doux visage de Catherine. 

    Je restai sans voix. Après quelques instants de réflexion; toujours méfiant, je décidais de ranger mon couteau. Ce fut à cet instant que Catherine m’embrassa. J’étais euphorique. Toute ma méfiance et mon doute s’envolèrent. C’est avec regret que ma bien-aimée quitta mon étreinte pour aller s’éloigner encore un peu de la rive. Je nageais pour la rejoindre mais quelque chose frôla mes jambes. Je regardais et vis avec stupeur que c’était une queue. En un éclair, je compris la ruse de la sirène. Ce n’était évidemment pas Catherine mais encore Serena. Je l’avais compris mais bien trop tard. 

    La sirène m'entraînait à présent au fond de l’eau. Je lui donnai un coup de poing dans l’abdomen mais l’effet de l’eau me ralentit et la sirène était rapide. Ses ongles étaient aussi coupants que des lames de rasoirs. Elle me griffa l’épaule. L’eau autour de nous commença à rougir sous l'effet du sang. Elle me maintenait sous l’eau et entrouvrit sa bouche. Je découvris des dents aussi acérées que des poignards. Elle prit mes cheveux et bascula ma tête à l’envers. Ma gorge était maintenant découverte. La sirène était étonnamment forte pour une créature en apparence aussi frêle. Maintenant toujours ma tête basculée, elle approcha encore sa tête de moi pour déchiqueter ma chair. Sentant que ma fin était proche, je rassemblais le peu de force qu’il me restait pour planter mon couteau dans son ventre. Je pris discrètement mon poignard, luttant toujours pour que sa bouche n’atteigne pas ma gorge, et l'enfonçai dans sa poitrine. Elle écarquilla les yeux, tellement surprise de ce que je venais de faire. Je remontais à la surface pour reprendre de l’air. Serena essaya de m’attraper mais elle était à bout de force à cause de du sang qu’elle perdait abondamment. 

    Je la ramenais sur la berge et l’allongeais. Je restais la contempler ainsi durant quelques instants. Son visage qui était d’un ton rosé dans le passé était à présent blanc. Ses cheveux auparavant si soyeux et d’un blond doré étaient maintenant ternes, et sa bouche si belle et si rouge la première fois que je l’avais vue, était sèche. Je pris mon poignard et découpai une écaille. A peine l’avais-je fait que déjà le corps l’ancienne belle déesse se transforma en cendres et s’envola. 

    De retour chez moi, je sentis une odeur de brûlé. J’allais dans le salon et découvris le diable en personne. D’une voix d’outre-tombe, il me lança : 

    “Donne-moi l’écaille, Alain ! »

    D’un air de défi, je lui dis :

    « Si je vous la donne, vous ferez réapparaître ma femme ? »

    Je n’en croyais pas mes oreilles. Comment avais-je pu parler ainsi au diable ? Mais malgré ma frayeur, je continuais :

    « Oui vous ne vouliez même pas l’écaille. Vous vouliez juste que je meure. Comme ça, vous n’auriez pas à respecter votre promesse ! »

    Je vis une grimace se former sur le visage du diable. J’étais allé trop loin. J’en avais trop dit. 

    «Petit morveux ! Comment oses-tu parler ainsi à Satan, au roi des enfers ! Je devrais t’expédier directement en enfer mais je te laisse une chance de te rattraper. Mais attention, ne joue plus avec mes nerfs, Alain ! Et maintenant donne-moi cette écaille ! »

    Le ton du diable était menaçant. 

    « Juste une question. A quoi servira tout ce que je vous rapporte ? bredouillai-je.

    - Tu ne t’en doutes pas, Alain ? C’est pourtant évident, ce sont les ingrédients qui me permettront de faire revenir ta femme à la vie. »

    Tremblant comme une feuille, je la lui donnais. 

    «Et maintenant que devrais-je vous rapporter ? Une tête ? Des orteils ? Ou bien peut être même des yeux ? rajoutai-je ironique malgré mon incontrôlable peur. Mais à mon grand soulagement, il n’eut pas l’air de s’apercevoir de mon ironie.

    « Oh non ! Je ne suis pas si barbare tout de même ! J’ai juste besoin d’une dent.

    - Une dent ? répétai-je, incrédule.

    - Oui, une dent. Mais pas n’importe laquelle. Je veux une dent de loup-garou. »

    J’avais à présent l’habitude des créatures extraordinaires. Aussi, quand le diable évoqua le loup-garou, je ne fus nullement surpris.

    « Mais pour cela, reprit le diable, je te donnerai une amulette d’os car les loups-garous sont dotés d’une force surhumaine et grâce à cette amulette tu le vaincras. Mais... Comme il y a toujours un “mais”, je ne te dis pas comment t’en servir. Si tu réussis cette épreuve, tu auras gagné mon respect et je ferai réapparaître Catherine. »

    Je n'eus même pas le temps de demander comment j’arriverais jusqu’au loup-garou que déjà Satan disparaissait.  

    Soudain, le monde autour de moi s’agita. Au début très lentement puis de plus en plus vite. Tout devenait flou. Enfin, il me sembla que je m'écroulais dans mon salon. 

    Un froid insoutenable me réveilla. Je dus faire un effort pour ouvrir mes yeux. Je me levais mais je remarquais avec stupeur que je n’étais plus dans mon salon mais dans une forêt. Elle était sombre, de grands arbres morts se dressaient sur un chemin sinueux et étroit. Une forte odeur de moisi et de sang flottait dans les airs. L’air était irrespirable. J’avançais tout en me demandant si je n’étais pas en train de rêver. Je ne voyais pas où j’allais. 

    Aussi, je ne vis pas la carcasse de quelque animal et trébuchai. Je m’étalais le long du sentier. La douleur était réelle: je n’étais donc pas en train de rêver. Un sifflement aigu se fit entendre et un cheval fonça sur moi. Il était magnifique avec sa crinière argentée et sa robe plus blanche que la neige. Mais quelque chose en lui m’effrayait. Soudain, un éclat de lumière attira mon regard. Je regardais son front et vis une corne qui scintillait de mille feux. Mais je ne pus pas le regarder plus longtemps car déjà il chargeait dans ma direction. Ses deux yeux rouges comme le sang me regardaient. A cause des horreurs que j’avais endurées auparavant, j’étais devenu agile. Aussi je n'eus aucun mal à l’esquiver. La licorne continuait sa course sans parvenir à s’arrêter. Quand un arbre se mit sur son chemin, elle fonça dessus la tête la première. Sa corne resta bloquée dans le tronc meurtri. 

    Je m’approchais d’elle encore méfiant. Puis je vis un collier de diamant. J’allais m’en emparer quand ma main toucha un parchemin. Je le déroulais et le lus: 

    Cher Alain, si tu lis ce papier, c’est que tu as vaincu la licorne. Tu es donc près du but; celui de me ramener la dent du loup-garou. Tape trois fois dans tes mains tout en récitant  la formule au dos du papier. Cela te permettra de retrouver ton chemin et de croiser celui de la créature moitié homme, moitié loup.

    Je retournais le papier et récitais la formule dans une langue que je ne connaissais pas, tout en claquant des mains. 

    Soudain la licorne arrêta de s’agiter, se délivra de sa prison et me regarda. Ses deux pattes avant fléchirent et elle s’inclina. Je m’approchais de la créature fantastique et grimpai sur son dos. Quand je fus bien installé, elle démarra sans que je le lui demande. La licorne alla au trot puis elle prit de la vitesse. Elle était à présent mille fois plus rapide qu’une voiture à pleine vitesse. Le paysage monocorde défilait devant moi. La licorne était très agile. 

    Enfin, elle s’arrêta. Je descendis de son dos. Je regardais le paysage autour de moi. Maintenant il n’était plus sombre mais toujours aussi austère. Des carcasses d’animaux s’empilaient en un tas gigantesque. Des ruisseaux de sang débordaient de leurs lits et des éclairs déchiraient le ciel nuageux et gorgé de pluie. Je me retournais pour remonter sur le dos de la licorne mais elle n’était plus là. Ses traces de sabots ne continuaient pas non plus. Elle s’était tout simplement volatilisée. Je devais donc continuer à pied. Après quelques pas, je découvris d’énormes traces de pattes. Elles ressemblaient à celles des ours mais étaient largement plus grandes et plus profondes. Après les avoir suivies, j’entendis un ronflement assourdissant. Je m’approchais de l’endroit d’où provenait ce vacarme et découvris une créature poilue à la taille immense. Elle était affalée sur un amoncellement d’os et de cranes. Soudain, elle ouvrit un œil et huma l’air. “Mince elle a dû sentir ma présence, me dis-je. » D’un pas nonchalant, elle se leva et huma une nouvelle fois son environnement. Soudain, sa démarche pataude disparut pour laisser place à une démarche décidée de tueur. D’un air farouche, la bête s’approcha de ma cachette. J’avais une grande envie de prendre mes jambes à mon cou. Et c’est ce que je fis. Mais la monstrueuse créature, ayant entendu bouger, s’élança à ma poursuite. Je crois que jamais je n’avais couru aussi vite. Et bientôt, je sentis l’odeur fétide du monstre dans mon cou. L’horrible monstre bondit sur moi. Nous roulâmes dans la poussière. J’étais sur le dos. La bête me maintenait au sol avec ses pattes avant. Elle avait une tête de loup et un torse d’humain. Et malgré ses jambes d’humain, elle courait très vite. Une queue trouait son pantalon dégoulinant de sang. 

    Et tout à coup, le “loup” relâcha sa prise. Il se leva en me regardant d’un œil malicieux. L’immense canidé recula de quelques pas. Je me levai difficilement, tout en me demandant pourquoi il m’avait libéré. L’homme poilu se retourna et se roula en boule. Stupéfait, je repris mes esprits. Puis, en voyant que le loup avait les yeux fermés, je me dis qu’il n'essaierait pas de me manger. Je me rapprochais de lui encore en clopinant. Un pas. Puis un autre. Tout doucement. Mais soudain, l’œil du loup s’ouvrit brusquement. C’était trop tard. Je n’eus même pas le temps de courir. Et je compris. L’horrible créature avait toujours eu l’intention de me tuer. Elle voulait juste jouer avec moi avant le massacre. Je n’étais qu’un vulgaire joujou. Mais une fois que le démoniaque animal en aurait assez, ce serait la fin pour moi. Fatigué et à bout de forces, je décidai de ne pas lui faire le plaisir de s’amuser avec moi. J’écartais les bras en signe de défaite. Mais mon adversaire ne voyait pas les choses ainsi. Avec sa patte avant, elle me balaya sans effort. Je n’avais pas d’autres solutions. Je devais servir de divertissement. Je courais lorsque ma main frôla quelque chose dans ma poche. Je plongeai ma main dedans et saisis l’amulette donnée par le diable. Je me rappelais alors ce qu’il m’avait dit : “ Je te donnerai une amulette d’os car les loups garous sont dotés d’une force surhumaine et grâce à cette amulette tu le vaincras. Mais je ne te dis pas comment t’en servir. Si tu réussis cette épreuve, tu auras gagné mon respect et je ferai réapparaître Catherine.” La dernière phrase resta encore gravée quelques instants dans ma tête. 

    Pendant ce temps, la créature sanguinaire semblait s’être lassée de moi. Son regard avait changé. Ses yeux d’un rouge sang étaient plus perçants que jamais. Elle fit un bond de quatre mètres et atterrit juste devant moi. Elle se lécha les babines. A pas de velours, elle avançait vers moi. Mais à peine me sautait-elle à la gorge, que je sortis l’amulette et la brandis en sa direction. « Mon dieu, faites que ça marche.” J’avais fermé les yeux et n’entendant aucun bruit, je les ouvris. Autour de moi, il n’y avait plus rien, le néant. Tout était figé. En face de moi, à quelques centimètres du sol, le loup-garou ne bougeait pas, figé dans une grimace. Sa gueule entrouverte laissa entrevoir ses crocs. “Oh mon dieu ! Ça a marché !, m’extasiais-je. » 

    Avec mon poignard, je découpais un croc. A peine l’avais-je fait qu’une douleur insurmontable me prenait à la tête et au ventre. J’étais recroquevillé sous l’effet de la douleur. Un voile noir passa devant mes yeux et je m’évanouis. Une bouffée de chaleur me réveilla. J’ouvris les yeux et découvris le diable en personne. 

    “Que s’est-il passé? bredouillai-je.

    - Tu as réussi, Alain, me répondit simplement Satan. Tu m’as rapporté tous les ingrédients.

    - Vous allez faire réapparaître ma femme? demandai-je. »

    Le diable ne répondit pas. Soudain, je pris peur. Et s’il m’avait roulé ? Dans un vieux chaudron, le diable versa le sang d’enfants, puis jeta dans le liquide l’écaille de Sirena et enfin la dent de loup-garou que j’avais difficilement réussi à avoir. Le diable me sourit d’un air mauvais : 

    « Hahahaha ! Je t’ai bien eu, Alain! Tu ne pensais tout de même pas que j’allais t’aider ! Toi, un simple mortel ! »

    Les paroles odieuses du diable me firent l’effet d’une gifle. Comment avais-je pu me laisser avoir de la sorte ? Mais dès que le diable eut finit de prononcer sa formule, il n’y eut plus aucun bruit. Je regardais autour de moi. Tout semblait être au ralenti. Et puis soudain... une lumière aveuglante sortit du chaudron. Le vide. Aucun bruit. Noir complet. Et puis, peu à peu, la vie sembla recommencer à s’animer. Des chuchotements. Des bruits de pas. Des rires étouffés. 

    J'ouvris un œil. Puis un autre. Autour de moi, une foule de personnages, que je ne connaissais pas, s’était regroupée. J’étais allongé sur un banc de la gare. “Alors finalement tout ceci n’était qu’un rêve, me dis-je ». Des murmures parcouraient l’attroupement. “Encore un sans-abri”; “oh regardez ma chère, encore un vil personnage qui a trop bu”. J’allais me lever quand je sentis un objet dans ma poche de veste. J’y plongeai ma main et découvris, stupéfait... l’amulette en os qui m’avait servie pour vaincre le loup-garou. Je la regardais avec hébétude quand j’entendis : “circulez, circulez... Il n’y a rien à voir. Pardonnez-moi... Excusez-moi. Poussez-vous, s’il vous plaît...”. Je compris que c’était un contrôleur qui essayait de passer dans le petit groupe qui s’était formé et dont j’étais le centre d’attraction. Enfin arrivé, le contrôleur siffla entre ses dents: “Encore quelqu’un qui sort d’un bar. Allez, rentrez chez vous maintenant.” Je me levais sans faire d’histoire et regardais la grosse horloge sur le mur de la gare. Plus que quelques minutes et mon train partait. Tout en montant dans le train, je me remémorais le visage du contrôleur. Et puis je compris ce que j’avais trouvé étrange chez lui: il avait une balafre sur l’œil. Exactement comme le diable. 

    Je me retournais. Je courais hors du train. Je voulais en être sûr, je voulais le retrouver, lui demander où était ma femme. Mais à la place du contrôleur, il ne restait qu’un tas de cendres.

     Juliette, Linda, Camille  et Tiphaine 

    mars 2013

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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