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Par letcol le 20 Juin 2013 à 14:12
En 2004 , dans le cadre du Plan de Développement de la Lecture Publique, le Conseil Général souhaite développer une action forte en direction des jeunes de milieu rural éloignés du livre et de la lecture, intégrée au Plan de lutte contre l'illettrisme.
C’est la naissance d’ADOS D’MOTS.
Cliquez sur le livre pour le feuilleter
Ecrire...
Écrire. Écrire pour obéir au besoin que j'en ai.
Écrire pour apprendre à écrire. Apprendre à parler.
Écrire pour ne plus avoir peur.
Écrire pour ne pas vivre dans l'ignorance.
Écrire pour panser mes blessures. Ne pas rester prisonnier de ce qui a fracturé mon enfance.
Écrire pour me parcourir, me découvrir. Me révéler à moi-même.
Écrire pour déraciner la haine de soi. Apprendre à m'aimer.
Écrire pour surmonter mes inhibitions, me dégager de mes entraves.
Écrire pour déterrer ma voix.
Écrire pour me clarifier, me mettre en ordre, m'unifier.
Écrire pour épurer mon oeil de ce qui conditionnait sa vision.
Écrire pour conquérir ce qui m'a été donné.
Écrire pour susciter cette mutation qui me fera naître une seconde fois.
Écrire pour devenir toujours plus conscient de ce que je suis, de ce que je vis.
Écrire pour tenter de voir plus loin que mon regard ne porte.
Écrire pour m'employer à devenir meilleur que je ne suis.
Écrire pour faire droit à l'instance morale qui m'habite.
Écrire pour retrouver - par delà la lucidité conquise - une naïveté, une spontanéité, une transparence.
Écrire pour affiner et aiguiser mes perceptions.
Écrire pour savourer ce qui m'est offert. Pour tirer le suc de ce que je vis.
Écrire pour agrandir mon espace intérieur. M'y mouvoir avec toujours plus de liberté.
Écrire pour produire la lumière dont j'ai besoin.
Écrire pour m'inventer, me créer, me faire exister.
Écrire pour soustraire des instants de vie à l'érosion du temps.
Écrire pour devenir plus fluide. Pour apprendre à mourir au terme de chaque instant. Pour faire que la mort devienne une compagne de chaque jour.
Écrire pour donner sens à ma vie. Pour éviter qu'elle ne demeure comme une terre en friche.
Écrire pour affirmer certaines valeurs face aux égarements d'une société malade.
Écrire pour être moins seul. Pour parler à mon semblable. Pour chercher les mots susceptibles de le rejoindre en sa part la plus intime. Des mots qui auront peut-être la chance de le révéler à lui-même. De l'aider à se connaître et à cheminer.
Écrire pour mieux vivre. Mieux participer à la vie. Apprendre à mieux aimer.
Écrire pour que me soient donnés ces instants de félicité où le temps se fracture, et où, enfoui dans la source, j'accède à l'intemporel, l'impérissable, le sans-limite.
Charles Juliet
extrait de "Ecrire", dans Il fait un temps de poème, anthologie d'Yvon Le Men, Filigranes éditions, 1996.
Ecrire pour apprendre la vie
Ecrire pour s'envoler dans un monde imaginaire
Ecrire pour imaginer
Ecrire pour partager notre bonne humeur
Ecrire pour effacer l'obscurité et faire exploser les couleurs
Ecrire pour penser
Ecrire pour se libérer de ses pensées
Ecrire pour dire ce qu'on ressent
Ecrire pour mieux dire
Ecrire pour déverser nos pensées dans un océan de couleurs
Ecrire pour le plaisir
Ecrire pour vider cette tête si pleine d'images
Ecrire pour apprendre à réfléchir
Ecrire pour ne plus avoir de remords
Ecrire pour oublier les douleurs de la vie
Ecrire pour me créer mon univers
Ecrire pour évacuer ses peines, ses joies et ses douleurs
Ecrire pour laisser une trace dans le livre du monde
Ecrire pour oublier les peines de sa vie
Les 4ème A
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Par letcol le 2 Avril 2013 à 19:38
On n'avait pas voulu de lui aux mines, ni dans les fonderies, encore moins dans les ateliers de tréfilerie ou d'étamage. Il était bien trop jeune. Depuis des mois, l'Evanoui dormait aux portes de la ville, dans l'habitacle d'un tank soviétique démantelé, calciné, réduit à l'ossature. Même pour gagner moins d'un dollar par jour, le travail l'accaparait du matin à la nuit tombante. Il s'était mêlé un temps aux castes des brosseurs de souliers et des laveurs de pare-brise, malgré les disputes et l'emprise féroce des entremetteurs, ceux qui prêtaient les caisses à cirage. Très vite, des jeunes gens en pantalon de treillis et baskets de luxe lui proposèrent de livrer des paquets de résine d'opium sous le nez des forces de police. Ces intermédiaires qui l'embauchaient au coup par coup se délestaient sur lui de l'essentiel de la mission dont quelque caïd les avait chargés. Ils ne lâchaient d'ailleurs aux petits coursiers qu'une part infime de leur rétribution. Les gosses étaient nombreux à tout risquer pour quelques afghanis. Comme partout où l'économie de guerre encourage les pires trafics, la pusillanimité des adultes s'appuyait largement sur cette main-d'oeuvre privée de recours. Les cohues juvéniles courant en tous sens ou hélant le chaland donnaient aux rues un air de fausse gaieté ; cette explosion de jeunesse affairée à survivre sous l'oeil d'ancêtres aux allures de momies n'avait d'autres circonstances que l'intangible vitalité d'un peuple.
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Par letcol le 6 Février 2013 à 21:01
[...], j'ai piqué du nez en cours d'histoire. Pourtant, j'ai lutté, je le jure, mais ces cours sont vraiment lourds. Je me suis pincé la paume de la main jusqu'au sang, je me suis frotté les yeux, j'ai changé de position régulièrement, mais rien à faire : ma tête plongeait vers la table toutes les cinq secondes. Comme si on me filait un sale coup dans la nuque pour me la faire tomber. Finalement, le prof s'est vexé. Je me suis fait expédier en perm, où j'ai dû bosser sur le sens de l'Histoire. Quel con quand même ce prof, frustré du ciboulot qui se prend pour un philosophe. Et fallait voir son petit sourire satisfait ! Franchement, j'avais envie de lui envoyer ma chaise dans la tête. Le sens de l'Histoire, le sens de l'Histoire. Ça n'a pas de sens l'Histoire, on croit que l'humanité avance mais elle fait des tours sur elle-même et refait les mêmes conneries. Une guerre par-ci, une dictature par-là. Et le sens de la justice, par où il va ? On ne le voit jamais...
[...] Il n'y a que la Ni qui tienne la route. Les autres sont transparentes, je passe au travers sans m'arrêter. La Ni, Ninon ma douce, mon oiseau léger. Je pourrais lui faire des déclarations d'amour à volonté, mais je me tiens dans le non-dit. Elle sait, je sais. C'est bien aussi de ne pas dire. Les mots flottent autour de nous, nous enveloppent et nous protègent. Pas besoin de barrières. Personne ne s'approche. La Ni n'est pas géniale, elle n'est pas magnifique. Elle est. Pas besoin de prouver quoi que ce soit : tout est en place, à disposition. C'est sans doute ce que les gens appellent "une personne entière". Il faut tout prendre ou tout laisser. Moi, j'ai tout pris. Je n'ai pas pu faire autrement.
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